22 May 2010

La vie est belle, mon vieux

— Dis-nous donc un poème, me dit Ziya. Je leur en lis un : Je suis communiste,
Je suis amour des pieds à la tête
amour : voir, penser, comprendre,
amour : l’enfant qui naît, la lumière qui avance,
amour : accrocher une balançoire aux étoiles,
amour : tremper l’acier avec mille peines.
Je suis communiste,
je suis amour des pieds à la tête…

J’ai traduit le poème en russe, pour Anouchka et Maroussa.
Ismail allume sa cigarette au feu de la mienne :
— Un beau poème, me dit-il, puis il se lève, il ouvre la fenêtre, le soleil pénètre dans la pièce :
La vie est belle, mon vieux, dit-il.

COTE: [FRA-L] [HIKM-38884]
(183 pages)
[Actuellement en prêt (K.S.), retour le 20 mars r 2010]

Article Larousse
Nazim Hikmet Ran, dit Nazim
Hikmet
Écrivain turc (Salonique 1902 – Moscou 1963).
Fils d'un haut fonctionnaire, également directeur de journal, il abandonna ses études supérieures à l'École navale pour raison de santé et partit, à 19 ans, pour Moscou, où, tout en étudiant la sociologie et l'économie, il connut le futurisme, Maïakovski, Eisenstein, Meyerhold. Cette période (1922-1925) sera déterminante et pour sa vision du monde et pour sa poésie. Selon les circonstances de son engagement de militant communiste, sa création littéraire connaît différentes phases. Après avoir employé le hece (vers syllabique), il devient, sous l'influence de Maïakovski, le plus grand représentant turc du vers libre (la Joconde et Si Ya-U, 1929). Tour à tour condamné, emprisonné, libéré, il publie un roman en vers (Pourquoi Benerdji s'est-il suicidé ?, 1932), suivi de Lettres à Taranta Babu (1936) et de l'Épopée du Cheikh Bedreddine (1936), avant d'être réincarcéré de 1938 à 1950 : au cours de sa détention à la prison de Brousse, il écrit une sorte de chronique du peuple turc (De l'espoir à vous faire pleurer de rage – Lettres de prison, publié en 1968), où l'évocation de l'épreuve individuelle l'emporte sur l'expression idéologique. Avec Paysages humains de mon pays (1965-1967), composé à la prison de Brousse entre 1942 et 1945, c'est la « géographie de l'âme » que le poète tente d'élaborer à travers l'évocation des luttes pour la survie et l'indépendance nationales en 1919-1922 et de la peinture de la vie quotidienne d'un pays livré à la misère et à l'oppression, en utilisant un vers libre qui enveloppe dans un souple mouvement narratif le destin collectif des obscurs héros de tous les jours. À partir de 1950, alors qu'il séjourne en U.R.S.S., il écrit des récits de voyage et évoque ses liens avec son pays natal, sous une forme poétique très inspirée par le surréalisme (C'est un dur métier que l'exil, 1957 ; le Nuage amoureux, 1962 ; les Romantiques, 1964). Il a laissé aussi des pièces de théâtre (le Crâne, 1932 ; Ivan Ivanovitch a-t-il existé ?, 1956). Longtemps considéré comme un auteur maudit, il a été réintégré dans le panthéon littéraire en 2001 et figure désormais au programme des lycées en Turquie.

Nâzim Hikmet (1902-1963) est sans conteste le plus grand poète turc du XXe siècle. Son engagement politique le conduira eu URSS dans les années vingt. De retour eu Turquie, ses prises de position contre l'injustice sociale lui vaudront d'être condamné à l'emprisonnement pendant de nombreuses années. Il mourra en exil à Moscou.
http://www.francopolis.net/Vie-Poete/nazimhikmet.htm