10 Eki 2010

Temps et Récit III

3. Le temps raconté
explore, après La Métaphore vive, le phénomène central de l'innovation sémantique.


Avec la métaphore, celle-ci consistait à produire une nouvelle pertinence de sens par le moyen d'une attribution impertinente.


Avec le récit, l'innovation consiste dans l'invention d'une intrigue : des buts, des causes, des hasards, relevant à des titres divers du champ pratique, sont alors rassemblés dans l'unité temporelle d'une action totale et complète.


La question philosophique posée par ce travail de composition narrative est celui des rapports entre le temps du récit et celui de la vie et de l'action affective.


Plusieurs disciplines sont convoquées à la barre de ce grand débat entre temps et récit, principalement la phénoménologie du temps, l'historiographie, et la théorie littéraire du récit de fiction.


Temps et récit 3 démontre tout d'abord que la phénoménologie, en s'approfondissant, de saint Augustin à Heidegger, aboutit, en regard de la sociologie à une incontournable Aporétique du temps.


La seconde section montre comment à ces impasses de la pensée, la Poétique du récit répond en mobilisant, par le canal de la lecture, les ressources entrecroisées de l'histoire et de la fiction. 
(Quatrième de couverture)

Il existe une « connexion significative » entre la fonction narrative et l’expérience humaine du temps (RF, 63)

Selon cette thèse, « le temps devient humain dans la mesure seulement où il est articulé de manière narrative » (TRI, 17)

- Le récit, d’abord, réalise une synthèse du temps : d’une succession de moments quelconques, il fait une histoire sensée. 
- Il médiatise, en outre, le temps de l’âme et le temps du monde, à l’égard desquels il apparaît comme un « tiers-temps » (TRIII, 354).

- Enfin il ouvre à l’homme condamné à une mort certaine une perspective que celle-ci n’épuise pas.

- L’intrigue est le centre organisateur du récit ; elle met en relation les différents événements qui le composent.

- Le temps raconté comme « concordance discordante » – définition vérifiée aussi bien par l’histoire que par la fiction et avant elles par la narration quotidienne de nos plus humbles expériences. 

- Une phénoménologie du temps et de son ambition, double, de faire paraître le temps et de fonder sur ce temps apparaissant (réputé « originaire ») le temps mesuré par la montre et le calendrier (qualifié quant à lui de « vulgaire » ou de « dérivé »). Cette ambition est autant celle de Heidegger que de Husserl, comme le montre la distinction qu’il fait entre la « temporalité authentique » de l’individu confronté dans l’angoisse à sa propre mortalité et le temps commun de la « préoccupation quotidienne ».

- La « poétique du récit » répond alors à l’ « aporétique de la temporalité ». Ce qui importe à cette poétique est moins, cependant, la « configuration » que la « refiguration » du temps par le récit, 
autrement dit 
le pouvoir qu’a celui-ci de transformer notre manière d’être au monde.
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