6 Mar 2011

L'évidence de l'égalité des sexes: une philosophie oublié du XVIIe siècle

L'égalité des sexe semble acquise aujourd'hui. Malgré le prix qu'il en a coûté aux féministes et à l'ensemble des femmes, l'égalité, si longtemps revendiquée, est enfin admise, reconnue, gagnée. Soit. La réalité, elle, montre que l'égalité de droit entre les hommes et les femmes dont témoigne un arsenal législatif conséquent depuis 1980, rend néanmoins flagrant le hiatus qui démeure entre le droit et le fait. Depuis 1980, avons-nous dit: pourquoi pas 1944 et l'ordonnance signée par De Gaulle, donnant aux femmes le droit de vote, cent cinquante-cinq ans après 1789, quatre-vingt-seize ans après l'instauration du suffrage masculin en 1948 ? Pourquoi pas 1965 et l'autorisation accordée aux femmes de travailler ou d'ouvrir un compte bancaire sans l'autorisation de leur père ou de leur mari ? Ou 1967 pour la loi sur la contraception ou bien le 17 janvier 1975 pour la loi autorisant l'interruption volontaire de grossesse, si fondamentale pour la liberté des femmes à disposer de leur corps et de leur sexualité ? Ou encore 1999 et la révision constitutionnelle en date de 28 juin des articles trois et quatre stipulant que la loi "favorise l'égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux charges électives" et que les partis politiques "contribuent à la mise en œuvre de ce principe" ? Il nous paraît cependant plus approprié de prendre la loi du 23 décembre 1980, loi qui qualifie le viol de crime et n'exclut plus le viol conjugal car le dispositif juridique en France peut désormais considéré comme abouti, bien que perfectible. ...


Elsa Dorlin, L'évidence de l'égalité des sexes, L'Harmattan, 2000, pg 9